Livre Premier : La Grande Descente et l’Assemblée des Élus

De la Manifestation Divine

En ces temps où l’Empire Aurien étendait sa puissance jusqu’aux confins du monde connu, quand les hommes adoraient de vaines idoles et que l’injustice régnait sur la terre comme un fléau, il advint que Dast le Tout-Puissant, Créateur des Cieux et de la Terre, Maître des Destinées et Juge Suprême, prit en Sa divine miséricorde la résolution de descendre parmi Ses créatures.

Non point comme un fantôme ou une vision fugace, mais revêtu de chair véritable, Il se manifesta sous l’apparence d’un homme de vingt années, paré d’une armure dont l’éclat surpassait l’or le plus pur et dont chaque maille semblait tissée de lumière stellaire. Son visage rayonnait d’une beauté terrible et douce, ses yeux portaient la profondeur des océans et la sagesse des éternités, et quand Il parlait, Sa voix résonnait comme le tonnerre des montagnes et le murmure des sources.

Ainsi Dast-Incarné foula-t-Il la terre de Ses pieds divins, apportant aux hommes pécheurs l’espoir du salut et la promesse de la rédemption.

De la Quête des Vingt-et-Un

Le Seigneur Incarné entreprit alors une quête qui stupéfia les anges et confondit les démons : parcourir l’Empire pour rassembler vingt-et-un compagnons choisis non selon la chair, ni selon la naissance, ni selon les richesses, mais selon la pureté de leur cœur que Lui seul pouvait discerner.

Ô merveille ! Il alla chercher le bandit repenti dans sa caverne sombre, le paysan vertueux dans son champ de labour, le noble charitable dans son château doré, le marchand honnête sur les routes poudreuses. À chacun Il se présenta, et à chacun Il dit : “Viens et suis-Moi, car Je connais ton cœur et il est pur devant Moi.”

Ainsi se formèrent les Vingt-et-Un, hommes de toute condition mais d’une seule âme, unis dans l’amour du Maître et la soif de justice. Cependant, dès le premier jour où ils furent assemblés, Dast prononça ces paroles qui glacèrent leurs cœurs : “En vérité, Je vous le dis, l’un de vous Me trahira.”

Ces mots tombèrent sur l’assemblée comme la foudre sur la tour, et chacun regarda son frère avec inquiétude, se demandant : “Serait-ce moi ?” Mais le Seigneur ne révéla point l’identité du traître, gardant ce mystère dans Sa sagesse infinie, et les Vingt-et-Un L’accompagnèrent malgré cette ombre terrible qui planait sur leur fraternité.

Des Cinq Années de Gloire

Pendant cinq années qui furent comme un seul jour de lumière, Dast et Ses compagnons parcoururent l’Empire, semant partout la justice et la miséricorde. Ô temps béni ! Les boiteux marchaient, les aveugles voyaient, les morts ressuscitaient, et les cœurs endurcis s’amollissaient comme la cire au feu de l’amour divin.

Le Seigneur enseignait par l’exemple et par la parole, et Ses enseignements étaient comme une rosée rafraîchissante sur la terre desséchée des âmes. Point n’était-Il un doux agneau sans défense, car quand l’injustice se dressait devant Lui avec arrogance, Son épée sainte jaillissait de son fourreau comme l’éclair du nuage, et malheur aux oppresseurs sans remords qui osaient défier Sa colère !

Ainsi établit-Il dès l’origine cette vérité sacrée : que la main droite doit prier et la main gauche combattre, et que le cœur juste doit discerner quand l’une doit céder à l’autre.

Mais hélas ! À mesure que croissait la gloire du Maître et que se multipliaient Ses miracles, la discorde s’insinuait tel un serpent venimeux parmi les compagnons. Chacun observait son frère, cherchant en lui les signes de la trahison annoncée. Les murmures s’élevaient dans l’ombre, les soupçons empoisonnaient l’amitié, et la prophétie du traître rongeait leur unité comme la rouille ronge le fer.

Étrange mystère ! Le Seigneur qui pouvait apaiser les tempêtes et commander aux vents laissait cette méfiance grandir sans y mettre fin, gardant un silence que nul ne comprenait alors, mais dont la sagesse se révélerait dans l’heure la plus sombre.