La Guerre des Communes de Valencourt (1195-1201)

À cette époque, les villes de Valencourt ne jouissaient que de privilèges commerciaux limités, bien éloignés de l’autonomie qu’elles possèdent aujourd’hui. Le duc Renaud Ier, désireux de financer ses ambitions territoriales, tenta d’imposer un nouvel impôt sur les métiers à tisser, mesure que les bourgeois considéraient comme ruineuse pour leur industrie naissante.

Les communes de Bréville, Harlan et Montlone formèrent une ligue défensive sous la direction de Jacques van Artelande, riche drapier de Bréville. Cet homme, orateur éloquent et négociateur habile, fédéra les bourgeois autour de revendications qui dépassaient largement la question fiscale initiale : droit d’élire leurs magistrats, autonomie judiciaire, et liberté de battre monnaie pour les transactions locales.

Le conflit éclata en 1195 lorsque les agents ducaux tentèrent de saisir les métiers à tisser en guise de gage. Les milices urbaines, rapidement organisées et disciplinées, remportèrent plusieurs victoires spectaculaires, culminant avec la bataille de Montlone (1196) où le duc lui-même fut fait prisonnier. Enhardies par ces succès, les communes proclamèrent leur indépendance de facto, établissant un véritable État bourgeois. Van Artelande, élu “Capitaine Général des Communes”, gouverna pendant trois ans un territoire qui défiait ouvertement l’autorité royale.

Cependant, l’intervention de Vilven II avec une armée de 15 000 hommes changea la donne. Après plusieurs défaites, les forces communales se retrouvèrent assiégées dans Bréville. C’est alors que les notables les plus prudents, menés par le riche banquier Étienne Le Changeur, entamèrent des négociations secrètes avec le roi. Ces bourgeois, craignant pour leurs biens et lassés d’une guerre ruineuse, offrirent de livrer Van Artelande et ses partisans les plus irréductibles en échange d’une paix honorable. Vilven II, pragmatique, accepta : il accordait aux communes les privilèges qu’elles revendiquaient - élection des échevins, autonomie judiciaire limitée, et droits commerciaux étendus - contre la reddition des “meneurs factieux”.

La trahison fut consommée lors d’un conseil de guerre : Van Artelande et dix-huit de ses fidèles furent livrés pieds et poings liés aux troupes royales. Leur exécution, particulièrement cruelle, eut lieu sur la place de Bréville : écorchés vifs puis écartelés, leurs restes furent exposés aux portes des trois villes rebelles. Paradoxalement, cette guerre sanglante aboutit à l’établissement des libertés communales que les bourgeois possèdent encore aujourd’hui, acquises au prix de la trahison de ceux qui les avaient conquises par les armes.

Le développement du système judiciaire royal, avec l’établissement des “Cours d’Assises” itinérantes, contribua également à renforcer l’autorité de la couronne jusque dans les régions les plus reculées. Ces cours, tout en rendant une justice généralement équitable, servaient aussi à affirmer la prééminence du pouvoir royal face aux juridictions seigneuriales, générant des revenus substantiels grâce aux amendes et confiscations qu’elles prononçaient.

C’est aussi durant cette période que l’Université de Valder fut fondée (1211), devenant rapidement un foyer intellectuel majeur où affluaient érudits et étudiants des quatre coins du monde connu. Cette institution, bien que dédiée à l’avancement du savoir, servait également les intérêts royaux en formant les administrateurs et juristes nécessaires au fonctionnement de l’appareil d’État, tout en diffusant une vision de l’histoire et du droit favorable à la dynastie régnante.