La fondation du royaume et ses premières épreuves (565-600)
Le Grand Royaume de Virmian, bastion inébranlable de la foi Dastaïte et sanctuaire des idéaux chevaleresques, émergea des ruines fumantes du vénérable royaume de Mirst, cet empire fondateur du monde tel que nous le connaissons aujourd’hui. En l’an de grâce 565, après seize années d’une guerre civile dont la cruauté reste gravée dans la mémoire des hommes, Mirst succomba à ses propres divisions, ses provinces autrefois unies se déchirant pour le contrôle des ressources et des routes commerciales.
De cette désintégration naquirent une myriade d’entités politiques, parmi lesquelles se distinguèrent rapidement Virmian et Autchburg, deux royaumes dont la rivalité allait façonner l’histoire des siècles à venir. Ces deux puissances, issues d’un même terreau mais suivant des voies divergentes, établirent leurs frontières aux confins des anciennes provinces impériales, chacune cherchant à s’approprier les terres les plus fertiles et les positions les plus avantageuses.
Sous la main ferme de la première dynastie régnante, les Harcourt, le jeune royaume de Virmian établit sa capitale à Valder, cité majestueuse érigée sur les rives de l’Avinau. Ce fleuve, artère vitale pour le commerce et la prospérité du royaume, permettait de transporter les richesses des provinces intérieures vers les marchés côtiers, assurant ainsi la prépondérance économique de la capitale.
La structure militaire du royaume à cette époque était encore rudimentaire, reposant essentiellement sur les troupes personnelles du roi et les contingents fournis par ses principaux vassaux. Une force de 3 000 à 4 000 hommes, principalement composée de fantassins équipés de lances, boucliers et cottes de mailles simples, constituait le cœur de l’armée. La cavalerie, élément décisif mais coûteux, comptait environ 500 cavaliers, pour la plupart des nobles ou leurs fils, montés sur des destriers et protégés par des armures plus élaborées.
Dès les premiers jours du royaume, les querelles avec Autchburg éclatèrent, alimentées non par une quelconque animosité nationale mais par la convergence d’intérêts seigneuriaux rivaux. La principale pomme de discorde entre les deux puissances naissantes fut la cité stratégique de Vostrag, ancienne capitale de Mirst, dont le contrôle promettait à son détenteur des revenus considérables grâce aux péages et taxes prélevés sur les marchands.
Ces dissensions, qui s’étalèrent sur trois décennies de diplomatie tendue et d’escarmouches sanglantes, prirent fin en l’an 596 par la signature de l’Accord de Vostrag. Ce traité, fruit d’âpres négociations où chaque partie cherchait avant tout à préserver ses intérêts commerciaux, consacra la cité comme entité politique indépendante. Cette solution, bien que frustrante pour les seigneurs les plus belliqueux des deux camps, offrait l’avantage de maintenir la stabilité des routes commerciales dont dépendait la prospérité générale.
Libéré du spectre d’une guerre totale avec Autchburg, le royaume de Virmian put enfin panser ses plaies et entamer une période d’expansion méthodique, absorbant ou vassalisant les petits comtés à ses frontières. Cette phase de consolidation territoriale fut menée par l’ambition personnelle des premiers rois Harcourt, désireux d’étendre leurs domaines et de remplir leurs coffres. Chaque nouvelle terre conquise ou ralliée apportait son lot de ressources à exploiter et de taxes à prélever, renforçant la position personnelle du souverain face à ses propres vassaux parfois récalcitrants.
Le culte de Dast, déjà bien installé, joua un rôle crucial dans cette période formatrice, offrant un cadre moral et spirituel commun à des populations autrement disparates. Ses prêtres et moines-soldats, parcourant sans relâche les chemins du royaume jusqu’aux hameaux les plus reculés, contribuèrent grandement à l’acceptation de l’autorité royale par les masses populaires, présentant le souverain comme l’élu de Dast, son représentant temporel.
Les cathédrales s’élevèrent vers le ciel comme autant de prières de pierre, tandis que les monastères devinrent des foyers de savoir et de dévotion. À cette époque furent fondés plusieurs ordres militaires, dont les célèbres Chevaliers de la Rose Blanche et les Frères Hospitaliers de Saint-Arvelan, qui allaient jouer un rôle crucial dans les siècles à venir - comme puissants acteurs féodaux poursuivant leurs propres intérêts sous couvert de service divin.