Livre Sixième : L’Inquisition Sainte et la Préservation de la Foi

De la Nécessité de Garder le Dépôt Sacré

Comme le berger veille sur son troupeau contre les loups, l’Église a établi l’Inquisition Sainte pour préserver le dépôt de la foi contre les erreurs qui la menacent. Car depuis que le Parjure a montré qu’un homme peut côtoyer la Vérité même et pourtant La trahir, il est avéré que l’hérésie peut naître au cœur même des fidèles.

Le Grand Seigneur Inquisiteur, qui siège à la droite du Sanctriarque, porte cette lourde charge avec l’aide de ses Grands Inquisiteurs et de la hiérarchie qui descend jusqu’au plus humble Novice. Point ne cherchent-ils la mort du pécheur, mais sa conversion. Point ne se réjouissent-ils des supplices, mais de la vérité retrouvée.

Car l’Inquisition véritable combat par la parole avant de recourir au glaive, convainc par la raison avant de contraindre par la force, et ne frappe qu’en dernier recours ceux qui s’obstinent dans l’erreur et la scandalisent par leur opiniâtreté.

Des Hérésies Contemporaines

En ces temps troublés de l’an 1515, de nouveaux périls menacent l’unité de la foi. Au royaume de Jordbrest s’élèvent des voix qui réclament la communion sous les deux espèces, le mariage des prêtres, et les offices en langue vulgaire. Bien que minoritaires encore, ces novateurs gagnent du terrain parmi le peuple simple, séduisant les âmes par leurs promesses de simplicité.

Plus dangereuses encore sont les hérésies locales qui fleurissent çà et là comme de mauvaises herbes : les Puritains extrêmes qui voient le péché partout, les Illuminés qui prétendent recevoir des révélations directes, les Négateurs qui rejettent tel ou tel sacrement, les Idolâtres qui adorent les reliques plus que Dast lui-même.

Contre tous ces égarements, l’Inquisition veille, non par cruauté mais par charité, car mieux vaut sauver une âme en corrigeant son erreur que la laisser se perdre dans l’obstination.